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Rude Roazhon
25 février 2008

L’ex-chef du GUD, agrégé de droit, trouble l’université

L’ex-chef du GUD, agrégé de droit, trouble l’université

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Jamais les résultats d’un concours de l’enseignement supérieur n’avaient provoqué un tel séisme. Le 9 février, Benoît Fleury, l’ex-chef du GUD, violent groupuscule d’extrême droite, a été reçu major de l’agrégation en histoire du droit, le propulsant dans le cénacle universitaire. Passé le choc, la mobilisation s’organise. Fait rare, dans une déclaration publique, douze professeurs de droit s’inquiètent pour «le rayonnement» de leur discipline, tandis qu’à Poitiers, où il devrait être nommé, des étudiants lancent une pétition contre sa venue.

Benoît Fleury, 31 ans, s’est fait connaître comme patron du GUD (Groupe union défense ou droit, selon les versions) de 1995 à 2000 à Assas, haut lieu de l’extrême droite universitaire à Paris. Créé en 1968 et dissout au début des années 2000, le GUD est un mouvement ouvertement raciste et antisémite redouté pour sa violence.

«Lord» - le surnom de Fleury - revendique alors haut et fort sa fibre «fasciste, au sens italien du terme» et son admiration pour le national-socialiste belge Léon Degrelle, dans l’Echo des Savanes en 1999. Surtout il aime la baston. Il est à plusieurs reprises exclu d’Assas pour agressions, injures racistes, manifestations antisémites, etc. En 1998, il écope de trois mois de prison pour avoir attaqué d’autres militants d’extrême droite.

Amnistiées.

Mais depuis le début des années 2000, il semble s’être rangé, après une ultime bataille, perdue, pour obtenir une bourse et un poste à Assas. Il a fait une thèse sur L’abdication dans le droit public européen de l’époque moderne, sous la direction de Jean-Marie Carbasse, un universitaire respecté et classé à droite. Il est devenu chargé de travaux dirigés à Rouen, puis maître de conférences à Montpellier-I. Ses condamnations ont par ailleurs été amnistiées, lui permettant de présenter un casier judiciaire vierge à l’agrégation d’histoire du droit, un concours qui se déroule tous les deux ans.

Mais pour les étudiants de Poitiers, une université très engagée durant la lutte contre le contrat première embauche et, l’an dernier, contre la loi sur l’autonomie des universités, le passé pèse trop lourd. «Il incarne une droite extrême et nauséabonde», écrit la pétition qui circule sur le Net (www.poitiersditnon.fr), «l’Université de Poitiers et son UFR [ faculté, ndlr ] de droit, le plus vieux de France, tiennent à garder leur honneur et leurs valeurs humanistes et républicaines.»

Prudents, les douze professeurs d’université (1) qui ont signé une déclaration (voir Libération.fr) soulignent qu’ils ne remettent nullement en cause le jury du concours qui a décerné la première place à Fleury. Mais ils rappellent que la loi «réprime les actes et discours racistes, antisémites et négationnistes et que les enseignants d’une discipline à la fois historique et juridique doivent se sentir particulièrement responsables du respect des dispositions destinées à protéger la dignité humaine contre la haine et le mensonge». Ce qui inquiète le plus est le silence de Benoît Fleury, que Libération a cherché à joindre. Les sites d’extrême droite ont salué sa réussite à l’agrégation, comme s’il restait l’un des leurs. Lui-même ne s’est jamais dédit. En 2005, il contestait encore auprès du Conseil d’Etat - qui l’a débouté - le refus de la présidence d’Assas de lui décerner une allocation de recherches.

Veto.

«Nous ne deviendrons pas un deuxième Lyon [Lyon-III fut un bastion universitaire du révisionnisme, ndlr] , assurent les étudiants de Poitiers. Lundi, la question doit être évoquée lors d’un conseil d’administration. Le représentant étudiant, Stéphane Séjourné, va demander au président de s’opposer à la nomination de Fleury. «La nouvelle loi nous donne bien un droit de veto, mais pas sur les postes des agrégés du supérieur comme lui», explique le président Jean-Pierre Gesson. «Nous aurions préféré qu’il aille ailleurs», poursuit-il, allusion au fait que Fleury avait d’abord songé à Nîmes, et aux tensions au sein de son université, «mais je ne peux rien faire si ce n’est rappeler que nous avons des règles et qu’en cas de dérapage, je recourrai au conseil de discipline». Fleury devrait être reçu jeudi par le doyen de la fac de droit, s’il ne s’est pas découragé d’ici là.

(1) P. Arabeyre, J-M. Augustin, M. Bouvet, C. Bruschi, D. Deroussin, N. Dockes, F. Garnier, E. Gasparini, J-L. Halperin, C. Lauranson-Rosaz, C. Leveleux-Teixeira, J. Poumarede.

EN SAVOIR PLUS : http://reflexes.samizdat.net/spip.php?article117

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