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Rude Roazhon
12 novembre 2007

Libération : Gare aux étudiants

Université. Réunie ce week-end, la coordination nationale appelle à amplifier la grève.

De notre correspondant à Rennes PIERRE-HENRI ALLAIN

QUOTIDIEN : lundi 12 novembre 2007

Après deux jours de débats à huis clos, manifestement laborieux sinon confus, à en croire certains participants, la coordination nationale étudiante réunie à Rennes ce week-end aura finalement accouché d’un texte qui ne déroge guère aux mots d’ordre entendus depuis le début du mouvement. Même s’il laisse transparaître une nette volonté de s’associer aux autres mouvements sociaux pour faire face «au rouleau compresseur du gouvernement» et s’opposer à «la casse du service public en général».

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Revendications. La coordination, qui regroupait les représentants d’une quarantaine d’universités, dont une quinzaine sont aujourd’hui bloquées, a ainsi appelé à «bloquer les gares partout en France» dès demain. Elle entend également participer à la manifestation du 14 novembre et à celle des fonctionnaires, prévue le 20. La liste des revendications s’est aussi allongée pour y inclure «le maintien des régimes spéciaux», l’opposition à une franchise médicale ou encore «la fermeture des centres de rétention et la fin des rafles» de sans-papiers.

Pour autant, «l’abrogation inconditionnelle» de la loi sur l’autonomie des universités, votée en août dernier et qui «vise à démanteler le service public d’enseignement supérieur», demeure la revendication première des étudiants. «Une nécessité non négociable», souligne Kamel Tafer, venu de Créteil (Val-de-Marne) et un des huit porte-parole désignés à Rennes ce week-end. «La loi de Valérie Pécresse relative à la LRU [liberté et responsabilité des universités, ndlr] a l’objectif d’asservir les universités aux intérêts des entreprises qui vont pouvoir directement influer sur le contenu des formations, explique Igor Zamichiei, secrétaire national de l’Union des étudiants communistes (UEC), présent à Rennes comme observateur. Avec cette loi, on veut en fait instituer deux types de campus, avec une dizaine d’universités élitistes et sélectives et des universités de cycles courts qui fourniront de la main-d’œuvre bon marché aux entreprises.»

«Privatisation», «augmentation des droits d’inscription», la coordination nationale met aussi en cause la future composition du conseil d’administration des universités qui seront «gérées par un président tout puissant». «Les conseils scientifiques et les conseils des étudiants et de la vie universitaire qui ont aujourd’hui un rôle de propositions n’auront plus qu’une fonction de consultation», relève Igor Zamichiei. «La LRU entre dans une logique globale de faire des économies sur le service public d’enseignement supérieur», résume une étudiante qui précise que les revendications émises ce week-end, comme la suppression des frais d’inscription, l’augmentation des aides sociales et des logements pour les étudiants, sont les contre-pieds directs à cette logique. Les cinq milliards supplémentaires annoncés par Valérie Pécresse pour l’enseignement supérieur ? Seulement des crédits redistribués et «une réponse à côté de la plaque», estime Kamel Tafer.

La coordination a profité de Rennes-II, déjà à la pointe du mouvement anti-CPE, pour récuser toute accusation de récupération politique ou syndicale. La meilleure preuve ? Les délégations, mandatées par les assemblées générales, ont été expressément composées de membres syndiqués (Unef, SUD ou CNT) et non syndiqués pour garantir leur indépendance.

Vote. «Ceux qui disent que nous sommes minoritaires n’ont qu’à venir aux AG, où se rassemblent plusieurs milliers d’étudiants, pour constater le contraire», invite Kamel Tafer. La coordination a toutefois appelé à «empêcher les votes à bulletins secrets», seules les assemblées générales étant jugées légitimes. «Un vote sans débat, ça ne rime à rien», argumente Marine, de Tolbiac. Voilà qui n’augure rien de bon pour le vote prévu aujourd’hui pour prolonger ou non la grève à Rennes-II.

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